Allongé par terre, saignant d’une hémorragie interne, Billy Petit se trouvait face à face avec la mort. Il dit au Seigneur : « S’il faut que je rentre aujourd’hui à la maison, je suis prêt. » Mais Dieu avait d’autres desseins pour lui …
La « femme » se dirigeait tout droit vers Billy Petit, assis derrière le guichet numéro deux d’une banque de Pontoise. L’agence venait d’ouvrir à 8h30 (Elle a attendu 8h50 pour agir). Cette « femme avait l’air un peu étrange—perruque noir, robe noire, chaussures noires, grand sac noir.
Pour Billy, employé de banque de 31 ans à l’époque, et aussi pasteur d’une église évangélique, c’était son dernier jour de travail avant son départ en vacances. Quelques clients attendaient patiemment que l’on s’occupe d’eux.
Il n’aurait jamais imaginé, même dans ses pires cauchemars que cette « femme » fasse ce qu’elle allait faire.
En fait, il ne s’agissait pas d’une femme, mais d’un jeune homme, déguisé en femme. Cet ancien employé de l’agence avait été renvoyé deux ans auparavant pour détournement de fonds. Pendants deux ans il avait mijoté sa revanche. Billy ne travaillait même pas à cette agence lors des faits mais il a quand même été le premier à faire les frais de la vengeance de ce « justicier ».
Plongeant sa main dans son sac, l’homme a sorti un revolver avec un silencieux. « Les mains en l’air » ! a-t-il ordonné. Avant que Billy n’ait le temps d’obéir, l’étranger lui a tiré une balle à bout portant juste à côté du coeur.
« Dans ma tête je ne me rendais pas compte de ce qui m’arrivait. Il y a eu l’impact et le sang a commencé à couler. Ca me faisait très mal ». Mais Billy pensait : « Ca ne peut pas être vrai. Ca doit être une blague. C’est sûrement une balle en caoutchouc ».
Billy, originaire d’Haïti avait immigré en France à l’age de huit ans, et les 23 années qui avaient suivi dans son pays adoptif avaient été paisibles, jusqu’à ce fameux jour.
Un collègue a été contraint de fermer la porte à clé et de tirer les volets pour que tout le monde pense que l’agence était fermée. Ce calvaire allait durer jusqu’à 13h30.
Le malfaiteur les a fait descendre dans la salle du coffre fort. Il a obligé le directeur de l’agence à attacher les autres avec un gros scotch noir résistant (l’homme avait prévu le rouleau de scotch dans son sac avec ses deux revolvers). Billy était par terre et son sang coulait. Arrivé près de lui, le directeur a refusé de l’attacher : « Il est blessé ».
Et l’autre de répondre froidement : « De toute façon lui, avec ce qu’il a reçu, il lui reste très peu de temps ». « Alors pour cet homme, c’était sûr que j’allais mourir » raconte Billy de sa voix baryton. « Il est monté à l’étage avec le directeur » continue Billy. « C’était ce directeur qui avait dû le renvoyer sur ordre de la banque. C’était quelqu’un de prévenant, d’abordable. C’était un ami » se souvient Billy.
« Après un moment nous avons entendu les coups de feu étouffés par le silencieux du pistolet –pan, pan -. Et puis le bruit sourd d’un corps qui tombe à terre ».
Au début les otages n’étaient pas sûrs de ce qui se passait.
Quelque temps après, le tueur est redescendu. Il a pris un autre employé qui connaissait le code d’accès à l’argent, et ils sont montés ensemble. Puis encore ce bruit de coups de feu d’un pistolet silencieux. Le bandit est descendu de nouveau, sans le collègue. Il a exigé qu’un autre monte avec lui.
« Là, nous avons commencé à comprendre ce qui se passait » explique Billy. Encore des coups de feu. A la fin, il y aura deux collègues tués et un autre avec une balle dans la jambe. Un homme à l’extérieur de la banque aura aussi été tué et sa femme blessée lors de la fuite du malfaiteur.
Une visite du ciel
Parmi ceux qui restaient en bas, la panique s’est installée : une jeune mère qui croyait ne jamais plus revoir sa fille d’un an ; des clients qui sont venus pour de banales transactions un samedi matin, acteurs malgré eux de ce cauchemar ; des employés qui ne travaillaient même pas dans cette agence là quand l’homme avait été renvoyé ; tout le monde regardait la mort en face.
Plus le temps passait, plus Billy avait de mal à respirer parce qu’il était victime d’une hémorragie interne. Quand il a réalisé que le tueur était en train d’abattre ses collègues, il a su que ce n’était pas une blague macabre.
« J’ai dit, ‘Seigneur, s’il faut que je rentre aujourd’hui à la maison, c’est bon. Ok. Je suis partant ». Puis quelque chose d’exceptionnel s’est produit : « Là, il y a eu comme une bouffée de chaleur, la main de Dieu. La présence de Dieu était palpable. Je sentais l’Esprit qui venait dans mon coeur et qui me disait, ‘Non, pas maintenant. Pas encore’. Là, j’ai su que je ne mourrais pas.
« Dieu m’a donné la conviction qu’aujourd’hui, je ne mourrais pas. Dans mon coeur, il n’y avait aucune crainte, aucune peur. J’avais la paix de Dieu ».
L’homme est redescendu mais la police avait tout bouclé à l’extérieur de la banque et il a fallu qu’il trouve le moyen de s’échapper. Il est sorti avec deux otages et puis a réussi à prendre la fuite, tuant un autre homme qui passait par là et blessant sa femme avant de voler leur voiture. Il a été arrêté deux jours plus tard, chez-lui. »
Bien que Billy ait été emmené à l’hôpital en urgence et qu’il ait été opéré tout de suite, ça faisait déjà six longues heures que la balle avait transpercé sa poitrine. Il avait une hémorragie interne et avait perdu beaucoup de sang.
Son collègue pastoral Dominique Taillifet a rapporté : « On nous a téléphoné en disant que Billy était mort. Plus tard, nous avons appris que ce n’était pas vrai, mais qu’il avait été grièvement blessé ». Le pasteur ainsi que d’autres membres de l’église se sont mis à prier.
Au plus grand étonnement de médecins, l’opération s’est très bien passée. Quinze jours après, Billy est sorti de l’hôpital pour aller en maison de convalescence pour un mois. A sa sortie de l’hôpital, il a rencontré le professeur qui l’avait opéré. L’hôpital d’urgence était un ancien hôpital militaire et le médecin savait très bien ce qui devait arriver à un homme qui reçoit ainsi une balle dans la poitrine.
« Je ne comprends pas » a dit le professeur. Et il s’est mis à énumérer six ou sept raisons pour lesquelles Billy aurait dû être mort. « Là vous auriez dû mourir … , là vous auriez du mourir …, et là … ». Il n’en revenait pas.
« C’est un miracle ! » s’étonna t-il. « Monsieur, croyez-vous aux miracles ? (Billy raconte cette partie de l’histoire avec les yeux pétillants et un rire jovial). « Je lui ai répondu que je croyais en Jésus Christ ».
Peut-il sortir du bien du malheur ?
Mais maintenant, il doit mijoter sa vengeance prochaine, aurait-on tendance à penser …et bien, pas de tout ! « Pour cet homme là, je n’ai aucune haine. Je prie pour qu’il rencontre Dieu. »
Le jeune pasteur voit beaucoup de ramifications positives émaner de cette horrible expérience. « En ce qui concerne les collègues, j’ai eu abondamment l’occasion de leur parler de Jésus Christ avant que tout cela n’arrive. Ceux qui ont survécu sont beaucoup plus ouverts. »
Et le changement qui s’est opéré dans le quartier où se trouve son église l’a lui-même surpris. « C’est un quartier difficile. Souvent pour que les jeunes vous respectent, il fallait avoir fait de la prison ou avoir eu un accrochage avec la police.
« Ce qui m’est arrivé a fait le tour du quartier et m’a apporté un certain respect de la part des jeunes. Tout le monde sait qu’une balle m’a blessé. Avant, quand je les croisais, ils me jetaient un regard plein de haine. Maintenant, la haine a cédé la place au respect. Quand je les vois et les salue, il me répondent … Quand je discute avec eux, ils m’écoutent. »
Et c’est là sa passion—les gens de son quartier. Quand il pense aux 3000 enfants dans la ville de Chanteloup, plus le besoin des jeunes et des adultes, c’est comme si on lui posait la même question que le médecin lui a posé un autre jour : « Monsieur, croyez-vous aux miracles » ?
Il a déjà vu la main de Dieu dans sa propre vie et il ne doute pas que Dieu a encore des miracles en réserve pour les gens de son quartier meurtri.
« Oui, je crois aux miracles » !